Magnificence et somptuosité: Trésors du textile liturgique de Saint-Gall

09.03.2012 – 31.12.2012

Depuis des siècles, nous associons les notions de faste et splendeur à l´église catholique. Textiles colorés aux riches ornements, objets d´orfèvrerie et verrerie multicolore rivalisent pour retenir notre attention. Les services religieux sont des «Gesamtkunstwerke», des œuvres d´art intégrales à la mise en scène fastueuse où musique, texte et décor s´articulent avec perfection.

La production de ces parements est soumise à des règles strictes car couleur, matériaux et formes correspondent à des périodes déterminées de l´année liturgique ou à des fêtes précises.

Seules les étoffes les plus précieuses étaient, et sont autorisées dans la confection des textile liturgiques. Certaines pièces doivent être impérativement en soie ou lin. Les brodeurs parent les vêtements des prêtres et du clergé de fils de soie, d´or ou d´argent, de perles et de paillettes. Ils ennoblissent également les textiles destinés à l´autel, les objets liturgiques, le mobilier et l´intérieur des églises, de même que les bannières des processions ou les baldaquins.

Des règles tout aussi strictes régissent l´utilisation et l´apparence des textiles au cours de l´année liturgique. Le canon chrétien des couleurs remonte à l´antiquité et aux techniques de teinture alors possibles. Le pape Innocent III émet vers l´an 1200 une première réglementation de couleurs dans la liturgie. En 1570, une codification à valeur universelle se met en place dans le Missum Romanum (livre de messe romain). Elle est reprise dans sa quasi-totalité dans la nouvelle édition du livre de messe de 1970 et est toujours en vigueur aujourd´hui.

La coupe des vêtements liturgiques remonte, elle aussi, à l´antiquité. Ils marquent visuellement la distinction entre le clergé et la masse des fidèles et mettent la puissance et la richesse de l´église en évidence. Leur apparence ne change que peu au fil des siècles. En revanche, les motifs des étoffes utilisées et le style ornemental suivent souvent l´esprit du temps. La confection des parements, les travaux des brodeurs professionnels mis à part, était essentiellement assurée par les couvents et, depuis 150 ans environ, elle est également l´œuvre de firmes spécialisées. A la fin du XIXe siècle, plusieurs ateliers de broderie de Saint-Gall réalisent des textiles pour l´église. Ils travaillent d´après des modèles traditionnels qu´ils adaptent en partie au goût de l´époque et modernisent. La maison Huber-Meyenberger de Kirchberg confectionna également des parements en grande quantité jusqu´en 1905 environ. Les ateliers de broderie de la maison Fraefel de Saint-Gall, qui créé des parements brodés de 1883 à 1965, occupent la première place dans ce domaine. Outre les 150 ouvriers de l´entreprise même, elle emploie des brodeurs dans tout l´est de la Suisse, de même que des religieuses. L´exportation de ces produits vers l´Amérique et l´Allemagne a joué un rôle prépondérant jusqu´à la fin des années 1920.